Émile Zola : Germinal (1885)

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Germinal (1885) d’Émile Zola

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Introduction à l’œuvre

Germinal d'Émile Zola«Germinal ! Germinal ! Germinal ! » Le 5 octobre 1902, tel est le cri unique que scande une délégation des mineurs de Denain, venue accompagner Zola jusqu’à sa dernière demeure. Dans leur cour, comme dans l’esprit d’un grand nombre de ses lecteurs ultérieurs, l’auteur des Rougon-Macquart est avant tout celui de Germinal. Ainsi cette œuvre « définit-elle » l’écrivain mieux que l’article célèbre du 13 janvier 1898, paru dans L’aurore : sous le titre J’accuseZola s’adressait au président de la République pour défendre celui donc le nom résume l’affaire la plus importante du tournant du siècle, l’affaire Dreyfus.

Quel chemin parcouru ! En 1885, Zola n’était déjà plus le fils d’un immigrant italien, piètre élevé promis à une vie peu glorieuse… En 1885, Zola s’est affirmé comme le chef de file d’un groupe d’écrivains et le théoricien d’un nouveau mouvement littéraire, le Naturalisme. Français depuis 1862, il a suscité le scandale avec son roman Thérèse Raquin (1867), et, surtout, il a entrepris une œuvre immense, Les Rougon-Macquart, « histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire », dont Germinal est le treizième volume ; parallèlement à ce travail de création romanesque, Zola s’est montré le théoricien du naturalisme en publiant Le Roman expérimental (1880), Les Romanciers naturalistes (1881) et Le Naturalisme au théâtre (1881). Comme Voltaire, et comme tous les grands polémistes, Zola « écrit pour agir », et ne rechigne pas à la tâche. Sa vie est entièrement consacrée à la composition de son vaste projet ; « nulla dies sine linea », sa devise, le prouve, puisqu’elle signifie : « aucun jour sans [écrire] une ligne ».

Les mineurs du cimetière Montmartre avaient raison : Zola, c’est d’abord « l’homme de Germinal », celui qui donnait aux journaux socialistes l’autorisation de reproduire son roman avec des mots comme les suivants :  « Prenez Germinal et reproduisez-le. Je ne vous demande rien puisque votre journal est pauvre et que vous défendez les misérables » (réponse de Zola  au Peuple de Bruxelles, 15 novembre 1885).

À bien des égards, Germinal semble un roman « daté », dont le temps a érodé la portée : la fermeture du dernier puits d’extraction de charbon, le 21 décembre 1990, dans le Pas-de-Calais, a transformé l’œuvre de Zola en témoignage historique au mieux, en document contestable au pire. L’histoire contemporaine n’a pas ménagé davantage la valeur politique du roman : la « lutte du capital et du travail » a certes marqué le début du XXe siècle, mais elle a ensuite cédé la place à de nouveaux comportements, à des « consensus » impensables en 1885… Quant à l’exemplarité littéraire du treizième volume des Rougon-Macquart, elle reste problématique : comme certains critiques le remarquaient dès la parution, si Zola n’abandonne pas les principes du Naturalisme dans, Germinal, il ne cesse de les dépasser.

Sans doute faut-il, des lots, expliquer autrement pourquoi ce roman a connu un succès constant et suscite encore aujourd’hui la même admiration et la même émotion qu’il y a un siècle.

Œuvre romanesque, « réaliste », « politique », Germinal étonne toujours par sa force symbolique : Zola, en effet ne présente pas seulement un monde – celui des mineurs – ni un contraste entre deux classes – celle des bourgeois et celle des travailleurs – ; il décrit aussi la lente germination d’un nouveau monde sous le vacillement de l’ancien, plus que sur ses ruines. Dès les premières pages, et dans toute la première partie du roman, apparaît un monde souterrain, une réalité cachée qui, peu à peu, envahit les lieux extérieurs et protégés. Comme le personnage principal, le lecteur est donc soumis à une véritable initiation : descente aux enfers et vision hallucinante, roman d’apprentissage et récit mythique, Germinal développe un combat à la fois collectif et individuel, celui de la vérité contre l’ignorance, celui de la justice contre l’incompréhension. Ainsi reconnue comme un cri de révolte et un « acte progressiste », l’œuvre de Zola garde sa sombre beauté, sa force inquiétante et sa cruelle actualité !

Synopsis

Un jeune chômeur, Étienne Lantier, se fait embaucher aux mines de Montsou, dans le nord de la France. Il fait la connaissance d’une famille de mineurs, les Maheu, et tombe amoureux de leur fille Catherine. Mais celle-ci, qui n’est pas insensible à Étienne, est la maîtresse d’un ouvrier brutal, Chaval.

Étienne est révolté par les misérables conditions de vie des mineurs, et quand la Compagnie des mines, alléguant la crise économique, décide de baisser les salaires, sa révolte s’exaspère. Rêvant d’une société plus juste, il propage des idées révolutionnaires et pousse les mineurs à la grève.

Les semaines s’ écoulent. Les grévistes affamés se déchaînent en une bande enragée aux cris de : « Du pain ! du pain ! ».
Mais I’armée intervient, et les mineurs se résignent à reprendre le travail. C’est alors que Souvarine, un ouvrier anarchiste sabote la mine. Les galeries inondées s’ effondrent. De nombreux mineurs périssent. Étienne se trouve bloqué avec Catherine et Chaval. Ce dernier le provoque. Étienne le tue et devient I’amant de Catherine qui meurt d’épuisement dans ses bras.

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Étienne, sauvé, part pour Paris. Il a perdu ses illusions mais a le cœur plein d’espoir. Il sait qu’un jour viendra où la force ouvrière, encore en germination, s’organisera pour venir à bout des injustices.

Le titre

Germinal était le septième mois du calendrier républicain. Il commençait le 21 ou le 22 mars et finissait le 18 ou le 19 avril. Par ce biais, le titre de Zola se réfère évidemment aux soulevements en vue d’instaurer un ordre nouveau de la grande Révolution.

C’est en germinal de l’an III que le peuple affamé envahit la Convention en réclamant du pain et la Constitution de 1793. Ce mouvement fut repoussé mais, trois semaines plus tard, éclataient les émeutes de prairial. Le titre se rattache sans doute aussi à ces événements.

Mais le sens premier de « germinal » est lié au renouveau cyclique de la nature, qui se situe au printemps (mars et avril). À ce renouveau s’apparente symboliquement l’éveil, chez les mineurs, d’une prise de conscience de leur condition : la vie reprend vigueur, dans l’espoir d’une amélioration de leur situation, le cas échéant par la violence.

Le dernier chapitre du roman évoque l’arrivée du printemps, un matin d’avril (de quatre heures à six heures du matin), après un hiatus de six semaines entre ce chapitre et le précédent. On apprend qu’Étienne est resté à l’hôpital pendant ce délai, consécutif à son sauvetage.

S’il est plausible d’estimer que ce chapitre final n’est autre que l’épilogue d’un drame, dont le dénouement s’est réparti sur les cinq chapitres précédents, on ne peut manquer de percevoir l’importance symbolique de ce motif qu’est la germination. Tout le printemps fait irruption dans cette matinée d’avril 1867.

Ce point de vue est confirmé par une lettre adressée par Zola à un correspondant hollandais, cinq ans après la publication du livre :

Quant à ce titre de Germinal, je ne l’ai adopté qu’après bien des hésitations. Je cherchais un titre exprimant la poussée d’hommes nouveaux, l’effort que les travailleurs font, même inconsciemment, pour se dégager des ténèbres si durement laborieuses où ils s’agitent encore. Et c’est un jour, par hasard, que le mot Germinal m’est venu aux lèvres. Je n’en voulais pas d ‘abord, le trouvant trop mystique, trop symbolique ; mais il représentait ce que je cherchais, un avril révolutionnaire, une envolée de la société caduque dans le printemps. Et, peu à peu, je m’y suis habitué, si bien que je n’ai jamais pu en trouver un autre. S’il reste obscur pour certains lecteurs, il est devenu pour moi comme un coup de soleil qui éclaire toute l’œuvre.

Liste des personnages
  • Étienne Lantier, 20 ans, héros du roman, amoureux de Catherine.
  • Catherine Maheu, 15 ans, amoureuse d’Étienne, maîtresse de Chaval.
  • Antoine Chaval, 25 ans, amant de Catherine, brutal et jaloux.
  • La famille Maheu : famille type de mineurs composée de :

— Le père Maheu, dit Bonnemort, 58 ans.
— Le fils Maheu, Toussaint, 42 ans.
— Constante Maheu, dite La Maheude, femme de Toussaint, 39 ans.
— Les sept enfants : Zacharie. Catherine, herscheuse, 15 ans. Jeanlin, galibot, 11 ans. Alzire, la petite infirme, 9 ans. Lénore, 6 ans. Henri, 4 ans. Estelle 3 mois.

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  • Les Levaque :

— Jérôme Levaque, 40 ans.
— Angélique, La Levaque, 41 ans.
— Philomène, 18 ans, maîtresse de Zacharie (dont elle a deux enfants).
— Bébert, ami de Jeanlin, 12 ans.
— Louis Bouteloup, le « logeur », amant de la Levaque, 35 ans.

  • Les Pierron :

— François Pierron, 30 ans.
— Suzanne, La Pierronne, 28 ans.
— Lydie, 10 ans
— Danseart, maître-porion, amant de la Pierronne, 40 ans.
— La Brûlé, 50 ans.

  • Souvarine, anarchiste russe, sabote la mine, 28 ans.
  • Les Hennebeau :

— Philippe Hennebeau, directeur général des mines de Montsou, 48 ans.
— Blanche Hennebeau, maîtresse de Négrel, 40 ans.

  • Paul Négrel, ingénieur, fiancé de Cécile Grégoire, 25 ans.
  • Les Grégoire :

— Léon Grégoire, 60 ans.
— Amélie Grégoire, 58 ans.
— Cécile Grégoire, fiancée à Paul Négrel, étranglée par Bonnemort, 18 ans.

  • Les Mouque :

— Le père Mouque, 50 ans.
— Mouquet, 22 ans.
— La Mouquette, 18 ans.

  • Victor Deneulin, 50 ans.
  • Lucie, musicienne, 22 ans.
  • Jeanne, peintre, 19 ans.
  • L’abbé Joire (40 ans) et l’abbé Ranvier.
  • Pluchart, 40 ans.
  • Richomme, porion, 50 ans.
  • Jules, petit soldat, 25 ans.
  • Vanderhagen, médecin de la Compagnie.
  • Maigrat, épicier, 48 ans.
  • La veuve Désir, tenancière du Bon-Joyeux, 50 ans.
Étude des personnages principaux
Étienne Lantier

C’est avec lui que s’ouvre et se ferme le livre. Né en 1846, il est le fils de Gervaise Macquart et de son amant, Auguste Lantier.

Dès l’âge de douze ans, il travaille comme apprenti dans une fabrique de boulons. Par la suite, il est envoyé à Lille et devient mécanicien.
Au début de Germinal, Étienne a vingt et un ans. Il erre depuis huit jours sur les routes du Nord, à la recherche d’un travail.
Étienne est un jeune garçon « très brun, joli homme, l’air fort malgré ses membres menus » (I, 1). Catherine le trouve « joli, avec son visage fin et ses moustaches noires » (IV, 1).

Il est possédé par un mal héréditaire: dernier enfant d’une race alcoolique, il souffre « dans sa chair de toute cette ascendance trempée et détraquée d’alcool » (I,4). Il devient méchant, a même envie de tuer quand il boit. Il ressent « une brusque folie du meurtre » (VI, 3) lorsqu’il affronte Chaval. Pourtant Étienne réussit à se maîtriser, et lorsqu’il tue son rival, c’est en état légitime de défense.

Lorsqu’Étienne arrive à Montsou, il est naïf, timide, n’a guère l’expérience des femmes, et confond Catherine avec un garçon. Leur amour se nourrit de jeux de regards, de malentendus, de désirs refoulés: jamais il ne la rejoindra dans son lit alors qu’il sait qu’elle l’attend. Il la possédera enfin, après avoir tué Chaval, au fond de la mine inondée, juste avant qu’elle n’expire. Le parcours amoureux a une issue tragique.

Étienne pénètre dans le monde souterrain, le royaume des morts : « Un chemin creux s’enfonçait ». Il a trois initiateurs : Bonnemort, Maheu, Catherine. Son parcours, politique et amoureux, constitue une double quête : quête de la justice sociale et de la femme aimée.

Révolté par la misère de ses camarades, il se lance à corps perdu dans l’action révolutionnaire. La grève a échoué. Il repart comme il était venu, mais mûri : il sait que les germes de la révolte seront récoltés dans les siècles futurs.

L’aventure d’Étienne correspond à une formation personnelle : il apprend un métier, découvre l’amour, se forme comme militant ouvrier et symbolise la prise de conscience de toute une classe, la classe ouvrière.

Étienne n’a cependant pas l’étoffe d’un héros : le narrateur le montre en proie à des faiblesses qui le discréditent quelque peu. Ses rêves de bourgeois, son ambition personnel, son amour-propre, entachent sa volonté d’aider le peuple et son désir de justice social : il ressent « la joie d’être le chef, de se voir obéir […] quand il serait le maître » (III, 4).

Catherine et les Maheu

Les Maheu travaillent dans la mine depuis cinq générations et représentent la famille type des mineurs.

Vincent Maheu, dit Bonnemort, père de Maheu, le plus ancien mineur encore au travail, du moins au début du roman, âgé de 58 ans, est la vivante antithèse de M. Grégoire, âgé de 60 ans.

Signe distinctif de Bonnemort : il crache régulièrement du charbon. Bavard avec Étienne, quand celui-ci arrive au Voreux, Bonnemort se montrera beaucoup plus réservé par la suite.

Bonnemort est conçu par Zola comme étant « le produit de la mine » : il est atteint de bronchite, voire de silicose, mais il a réchappé par trois fois à la mort, comme l’indique son surnom, « Bonnemort ».

Désigné habituellement par « le vieux Bonnemort », il a travaillé durant 50 ans à la mine (45 ans au fond). Bien qu’il soit paralysé, à la fin du roman, il aura suffisamment de force pour étrangler Cécile Grégoire, dans un accès de démence et, sans doute, de rancune « séculaire » ; son acte meurtrier serait la revanche d’un siècle d’oppression.

Toussaint Maheu, âgé de quarante-deux ans, est haveur. C’est un bon ouvrier, consciencieux, qui travaille dur dans les difficiles conditions de la mine.

La Maheude (de son prénom Constance), épouse de Toussaint Maheu, « d’une beauté lourde, déjà déformée à trente-neuf ans par sa vie de misère et les sept enfants qu’elle avait eus » (II,1). Foncièrement bonne, raisonnable et prudente, elle incarne la prise de conscience progressive des mineurs. Elle prend la tête du cortège des grévistes, et pousse son marie à jeter des briques aux soldats qui gardent la fosse. Elle se résigne, alors que tout est détruit autour d’elle, à reprendre un travail harassant, « l’échine cassée » (VI, 7).

Catherine, quinze ans, est une jeune fille fluette aux cheveux roux. Le teint blême de son visage était « déjà gâté par les continuels lavages au savon noir » (II,1). Elle a de grands yeux « d’une limpidité verdâtre d’eau de source et dont le visage noir creusait encore le cristal » (VI, 1). Courageuse, elle se lève à quatre heures du matin pour préparer le maigre déjeuner de la famille. Arrivée à la mine, elle pousse sa berline dont le poids atteint sept cents kilogrammes. Elle est la maîtresse de Chaval qui la brutalise, mais à qui elle reste fidèle : « C’était son homme, celui qui l’avait eue le premier » (IV, 5). Attirée par Étienne, elle refoule son amour pour lui.

Chaval

« Un grand maigre de vingt-cinq ans, osseux » (III,1). « Ses moustaches et sa barbiche rouges flambaient dans son visage noir, au grand nez en bec d’aigle » (IV,1).

Par contraste, Chaval est le rival entreprenant : d’abord triomphant, il sera vaincu par Étienne. C’est aussi le « traître », le jaune qui refuse de participer à la grève et qui trahit par ambition (pour devenir porion) : il dénonce les grévistes aux gendarmes, dirige les Borains en l’abscence des mineurs grévistes. Si Étienne est physiquement séduisant, Chaval s’impose par sa rudesse, une brutalité grossière.

Zola considérait que le nom d’un personnage devait être soigneusement choisi (« nous voyons souvent tout un caractère dans l’assemblage de certaines syllabes » confiait Zola, dans une lettre Elie de Cyon, du 29 janvier 1882, et il ajoutait que le nom incarne la personnalité profonde, « l’âme même du personnage »).

Chaval, par son nom, suggère le cheval (« une rosse ») ; pendant la marche à travers les fosses, les femmes l’obligeront à boire « la gueule dans l’auge », elles lui jetteront « une poignée de crottin » (V, 4).

Chaval se caractérise par ses revirements, son instabilité affective : d’abord hostile à la grève, puis décidé à y participer, lors de la réunion du Plan-des-Dames, il se rallie à la cause patronale, sous l’influence de Deneulin et se révèle provocateur et briseur de grève.

Souvarine

Machineur au Voreux, il est logé chez Rasseneur dans la chambre voisine d’Étienne. « Il devait avoir une trentaine d’années, mince, blond, avec une figure fine, encadrée de grands cheveux et d’une barbe légères » (I,3), et ses yeux gris acier ont un reflet inquiétant. Il hausse les épaules devant les espérances socialistes, ne croyant en rien, ni aux effets de la grève, ni aux améliorations de salaire, méprisant ces ouvriers qui ne rêvent que de devenir bourgeois. Pris ensuite d’une fureur nihiliste, il sabote le cuvelage de la fosse qui retient les masses d’eau. Il prend à la fin du livre une dimension mythique : messager de l’extermination, il ne doit pas mourir.

Les Hennebeau

Philippe Hennebeau, quarante-huit ans, est le directeur général des mines de Montsou. Issu d’une famille pauvre, orphelin, il a fait l’École des Mines pour devenir ingénieur. Il a épousé la fille d’un riche filateur d’Arras, mais, époux malheureux, trahi par sa femme qui le trompe avec son propre neveu Négrel, il connaît une autre forme de misère que celle des mineurs, la misère morale. Face à la grève, il ne prend aucune décision et laisse gâter les choses.

Mme Hennebeau, femme du directeur des mines de Montsou. Blonde, sensuellem elle s’ennuie avec ce mari qu’elle méprise et qui ne gagne pas suffisamment d’argent. Elle se console avec des amants et le dernier en date n’est autre que le neveu de son mari, l’ingénieur Paul Négrel, fiancé à Cécile Grégoire. Cynique, elle ne montre aucune compassion à l’égard des mineurs.

Paul Négrel, l’ingénieur de la fosse, « était un garçon de vingt-six ans, mince et joli, avec des cheveux frisés et des moustaches brunes. Son nez pointu, ses yeux vifs, lui donnaient un air de furet aimable » (V,1). Il devient l’amant de Mme Hennebeau qui s’emploie par jeu à organiser ses fiançailles avec Cécile Grégoire. Lors de la destruction de la mine, il met toute son énergie à retrouver des survivants et embrasse Étienne, rescapé de la catastrophe.

Les Grégoire

Léon Grégoire, âgé de soixante ans, est rentier actionnaire de la Compagnie de Montsou. La grève ne l’inquiète pas, et il se refuse à admettre que la situation est grave. Pour se donner bonne conscience, il fait quelques aumônes.

Mme Grégoire, sa femme, âgée de cinquante-huit ans, est courte et grasse. L’un et l’autre ne vivent que pour leur fille Cécile, et sa mort tragique les plonge dans le désespoir.

Cécile Grégoire, fille unique des Grégoire, fiancée à Paul Négrel, est âgée de dix-huit ans. Elle a « une chair superbe, une fraîcheur de lait » (II,1). Gâtée par ses parents, elle est élevée dans une ignorance heureuse et se plaît à faire la charité. Elle meurt étranglée par Bonnemort.

Germinal au cinéma

Le succès du roman auprès des lecteurs et des cinéastes :

Germinal est le roman de Zola le plus connu et le plus lu du grand public. Il est aussi « le classique le plus étudié à l’école », selon Dominique Goust, directeur du Livre de Poche ; toutes éditions de « poche » confondues, il se vend, chaque année environ 180 000 exemplaires du roman de Zola, phenomène que, vraisemblablement, la sortie du film de Claude Berri, Germinal, ne manquera pas d’amplifier. Du reste, aujourd’hui, Zola compte parmi la dizaine d’auteurs les plus lus dans le monde. Les trois romans de Zola qui ont obtenu la plus grande faveur des cinéastes sont, par ordre d’importance, L’Assommoir, avec 10 adaptations, Nana, avec 8 adaptations, et Germinal, avec 7 adaptations (en incluant celle de C. Berri).

Zola est un auteur éminemment « cinématographique », si l’on s’attache à recenser le nombre de films qui, avec plus ou noins de liberté, ont été adaptés de son œuvre : on n’en compte pas moins de soixante-dix ! Le premier film en date a été adapté de L’Assommoir et a été produit par Pathé en mai 1902. Il s’agit de Victimes de l’alcoodisme, de Ferdinand Zecca. Zola n’aurait vu, dans son existence, que ce seul film, quatre mois avant sa mort.

En ce qui concerne Germinal, la première adaptation est celle de Ferdinand Zecca : La Grève (1903), film aujourd’hui perdu, d’une durée de 15 minutes, produit par Pathé.

La seconde adaptation, aujourd’hui perdue, est un « drame cinématographique en huit tableaux » : Au pays noir (1905), de Lucien Nonguet.

Troisième adaptation : Au pays des ténèbres (1911-1912) de Victorien Jasset (film produit par Eclair).

Le quatrième film est, en fait, le premier qui s’attache à illustrer fidèlement le roman : Germinal (1913), film muet de 140 minutes, réalisé par Albert Capellani, avec la collaboration d’André Antoine, directeur du théâtre de l’Odéon.

La cinquième adaptation est celle d’un réalisateur inconnu : Germinal, présenté en 1920 par les Braudy.

La sixième adaptation a fait date : Germinal (1963), d’Yves Allégret. Le tournage s’est presque entièrement effectué en Hongrie, d’après un scénario de Charles Spaak. En voici la distribution : Jean Sorel (Étienne Lantier), Berthe Granval (Catherine), Claude Cerval (Maheu), Claude Brassesa (Chaval), Bernard Blier (Hennebeau), Pierre Destailles (Maigrat), Philippe Lemaire (Negrel). Le film connut un échec commercial.

Dans son Germinal, Pierre Assouline (Fayard, 1993) mentionne le projet, qui n’eut pas de suite, d’une adaptation, par Sartre, en vue d’une réalisation confiée à Marcel Pagliero.

Alors que C. Berri rédigeait son scénario de Germinal, Eric Barbier tournait Le Brasier, film inspiré d’un roman de Jack London mais aussi de Germinal, de Zola. Berri doit, momentanément, renoncer à son projet : Le Brasier est un film à gros budget (90 millions de francs), tourné en Pologne, en France et en Belgique. Le film sort en 1991, sans aucun succès, ce qui autorise Berri à se remettre à la rédaction du scénario puis à tourner Germinal, qui sortira en septembre 1993.

Voici, pour mémoire, quelques autres films qui, traitant du thème de la mine, ont pu, de près ou de loin, s’inspirer du roman de ZolaGerminal :

  • 1932 : La Tragédie de la mine, de Georg Wilhelm Pabst. Pabst s’inspire de la catastrophe de Courrières (Pas-de-Calais), qui a entraîné la mort de 1 200 mineurs français, en 1906, et il situe l’action de ce drame au lendemain de la Première Guerre mondiale. La mine, située juste à la frontière entre la France et l’Allemagne, dans le film de Pabst, permet au réalisateur d’affirmer un internationalisme généreux et une fraternité « ouvrière », que les circonstances rendent pathétiques. Un coup de grisou, en effet, détermine les mineurs westphaliens à venir en aide à leurs camarades français, non sans être confrontés à un dramatique cas de conscience. Avant le tournage de son Germinal, Berri a tenu à faire projeter, à son équipe ce film de Pabst, reportage à la fois réaliste et visionnaire, tourne dans l’esprit du « réalisme poétique ».
  • 1933 Borinage, de Joris Ivens et Henri Storck. C’est un documentaire retraçant la vie quotidienne des mineurs de charbon du bassin houiller de Belgique, à la suite d’une grève de plusieurs mois.
  • 1938 Grisou, de M. de Canonge, adaptation d’une pièce écrite par Dalio et Pierre Brasseur.
  • 1941 Le Pavillon brûle, de Jacques de Baroncelti (l’action a pour cadre une mine de cuivre).
  • 1946 : La Maison sous la mer, de Henri Calef.
  • 1949 Le Point du jour, de Louis Daquin.

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