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Rosalie poignardée à plus de dix reprises: aucune accusation de meurtre déposée contre sa mère



La petite Rosalie Gagnon aurait vécu l’horreur, mutilée par plus d’une dizaine de coups de couteau, avant d’être abandonnée dans la poubelle du secteur Charlesbourg où elle a été retrouvée mercredi. Sa mère, principale suspecte, a comparu jeudi, mais aucune accusation de meurtre n’a été portée dans cette affaire pour l’instant.

Des sources ont confié au Journal qu’une arme blanche aurait servi dans la terrible mort de la fillette, âgée de deux ans.

Au total, l’enfant aurait reçu plus d’une dizaine de coups de couteau, avant que son petit corps ne soit abandonné dans une poubelle située près d’une résidence de l’avenue de Gaulle.

Ces détails ajoutent au drame qui a secoué la province entière, plusieurs personnes s’inquiétant pour l’enfant qui avait initialement été portée disparue.

Sa mère, retrouvée en compagnie d’un homme dans un logement de l’avenue Gaspard, a été arrêtée par les policiers du Service de police de la Ville de Québec dans les heures suivant la triste découverte.

Aucune accusation de meurtre

Audrey Gagnon, 23 ans, a comparu jeudi après-midi au palais de justice de Québec.

Les traits tirés, celle qui lutte depuis plusieurs années contre des problèmes de consommation s’est présentée brièvement devant la cour, balayant la salle d’un rapide coup d’œil.

Selon nos informations, la jeune femme aurait un lourd passé de consommation de drogue.

Elle faisait également partie d’un programme d’accès à la méthadone, opioïde substituant l’héroïne chez les gens souffrant de dépendances.

Même si le SPVQ avait initialement annoncé que la jeune femme avait été arrêtée pour meurtre, elle ne fait pour l’instant face à aucune accusation d’homicide.

Les accusations déposées jeudi sont celles d’entrave à un agent de la paix et de méfait, cette dernière après qu’elle eut tenté d’allumer un incendie dans sa cellule lors de sa détention au poste de police.

La cause a été reportée à mercredi prochain puisque la défense ne possède toujours pas l’entièreté de la preuve.

Audrey Gagnon, qui a été condamnée à la prison dans des affaires de voies de fait et de méfait par le passé, demeurera détenue jusqu’à ce moment.

Problèmes personnels

Dans le secteur de l’avenue Gaspard, où Audrey Gagnon a été retrouvée dans un logement mercredi en fin de journée, c’était toujours la consternation hier. Une femme qui demeure dans le même immeuble rapportait avoir entendu des pleurs mardi soir.

«C’étaient des pleurs d’enfants, comme des pleurs de contestation. Ça n’a pas duré longtemps. Ensuite, il y a une porte qui a claqué», indique la dame qui a requis l’anonymat.

Une amie de l’accusée qui s’est confiée au Journal indique quant à elle que la mère de Rosalie avait des problèmes personnels. Elle la décrit comme «brisée par la drogue».

Assurant que la jeune femme «aimait sa fille», elle ajoute qu’Audrey Gagnon pouvait être violente à l’occasion. «Elle lui fermait la bouche en lui pinçant les lèvres quand elle pleurait», raconte cette amie, précisant que la jeune mère de famille sortait d’un centre pour femmes en difficulté.

— Avec la collaboration de Kathryne Lamontagne, Catherine Bouchard et Nicolas Lachance

 

Lourd passé de consommation de drogue

Audrey Gagnon traîne un lourd passé de consommation de drogue et a multiplié les passages en cour pour des histoires de violence.

La mère de la petite Rosalie a notamment été condamnée à six mois de prison en 2015 alors qu’elle était enceinte de sa fille.

D’après des documents de cour consultés par Le Journal, Audrey Gagnon a été accusée de voies de fait, de méfaits et de menaces de mort après avoir été arrêtée à son domicile.

Les policiers avaient alors trouvé la femme «hystérique et en train de tout démolir dans l’appartement». Elle aurait alors hurlé être porteuse de l’hépatite C, ce qui s’est avéré. Gagnon avait alors craché au visage d’une policière avant de la menacer de mort ainsi qu’une de ses collègues.

En 2014, Audrey Gagnon avait aussi été condamnée à six mois de prison pour une autre histoire de voies de fait pour avoir attaqué son copain de l’époque avec un couteau.

C’est une violente dispute qui avait mené à l’agression, la jeune femme blessant la victime à l’épaule et aux mains avec l’arme blanche.

Narcotiques Anonymes

Déjà à l’époque, la jeune femme, aujourd’hui âgée de 23 ans, luttait contre des problèmes de drogue importants.

Selon les enregistrements de cour obtenus par Le Journal, divers intervenants lui avaient suggéré de suivre une thérapie fermée pour venir à bout de sa dépendance aux opioïdes.

Elle avait à ce moment répondu qu’elle fréquentait les Narcotiques Anonymes et que ces rencontres «l’aidaient».

Une amie a confié au Journal qu’Audrey Gagnon avait complètement changé en raison de sa consommation de drogue.

Cette personne, qui avait choisi de couper les ponts avec la mère de la petite Rosalie, l’avait toutefois recroisée récemment et se disait soulagée de voir qu’elle semblait changer de vie.

«On ne s’est pas vues pendant deux ans, mais récemment, j’étais contente. Audrey avait l’air d’avoir changé. Elle suivait une thérapie, elle avait sa fille. J’ignore pourquoi ç’a pu se terminer comme ça», se désole cette amie qui souhaitait demeurer anonyme.

Des réactions

«On vit un très gros drame dans la famille Gagnon. On n’arrive toujours pas à le croire et on a l’impression de faire un cauchemar. [...] Bon voyage, petite puce.»

– Steeve Gagnon, un oncle d’Audrey Gagnon


«Quelle horreur, quelle horreur! [...] Est-ce que la personne avait demandé des services? Est-ce qu’il y avait eu des signalements? Je ne sais pas [...], mais je peux vous assurer qu’on va faire ces vérifications et ajuster s’il le faut.»

– Philippe Couillard, premier ministre du Québec


«Ça m’a heurtée ce matin [jeudi], pour ne pas dire que ça m’a bousculée. [...] Il y a certainement des choses qui vont être examinées. [...] On va attendre de voir la suite des choses. Il y a certainement des raisons qui ont mené la DPJ à laisser l’enfant à sa mère.»

– Lucie Charlebois, ministre déléguée à la Protection de la jeunesse

Lucie Charlebois Photo Simon Clark

«Je suis bouleversé et je pense qu’on est tous bouleversés à Québec. Quand tu es parent, quand tu es grand-parent, de voir cette petite cocotte-là... Je pense à sa mère. [...] Quelle détresse! C’est incroyable. Alors, il n’y a pas de meilleure réponse que d’être ici aujourd’hui, je pense.»

 Régis Labeaume, maire de Québec, en marge de l’inauguration d’une maison pour enfants malades

Régis Labeaume Photo Annie T. Roussel

 

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