En lançant sa propre marque, Turrini By, le fabricant de meubles de Pont-Scorff espère sortir de son statut de sous-traitant afin de trouver de nouvelles sources de chiffre d'affaires. Distribuée via une plateforme de vente en ligne, la nouvelle collection de meubles contemporain et design doit également participer à renforcer les marges de Turrini. Si la crise pèse sur la petite industrie du pays de Lorient depuis 2008, accusant une perte de 34% de son chiffre d'affaires sur cette période et une légère réduction de ses effectifs, Christian Turrini, le président, a décidé d'investir dans l'avenir avec une nouvelle diversification stratégique.
400.000 euros investis
«Si je ne lance pas mon site de vente en ligne, un de mes revendeurs le fera», assure Christian Turrini. En investissant 400.000 euros depuis deux ans dans ce nouveau développement, le dirigeant se veut catégorique. Pour lui, il est clairement nécessaire que les créateurs bretons se lancent dans le e-commerce. Un développement essentiel pour continuer à résister, notamment à l'export qui représente aujourd'hui près de 50% de l'activité de Turrini. «Bizarrement, il est plus facile de vendre du Made in France à Moscou ou à New-York qu'en France», indique Christian Turrini qui compte parmi les derniers fabricants de meubles en Bretagne. «Les acheteurs hexagonaux n'y voient pas un grand intérêt.Les relations avec les partenaires bancaires sont de plus en plus tendues. Du coup, il devient compliqué de produire en France. L'enjeu c'est aujourd'hui de maintenir notre niveau de qualité. » Et de pérenniser l'entreprise, sur le long terme. Avec l'apport de nouvelles affaires en direct, via ce site de e-commerce. 300 m² de l'atelier sont désormais dédiés à cette nouvelle activité. Transformés en un hall d'exposition et de prises de vues pour les modèles de la gamme. Des prototypes signés de deux équipes de designers : Erwan Péron de Dinan et l'agence Fritsch du Risotti de Conflans-Sainte-Honorine. «Erwan Péron a d'ailleurs marié les savoir-faire des deux sites de productions de Turrini à Pont-Scorff et David Lange à Varzy dans la Nièvre», précise Christian Turrini. Ce qui donne des mobiliers aux contours bois avec un aspect laqué nommés Alliance.
Une force de vente dédiée
Déjà, après une participation aux salons de design et de décoration à Milan et Paris le mois dernier, Turrini a contractualisé avec deux agents commerciaux. «Ils doivent nous représenter auprès des architectes et des magasins haut de gamme», explique Christian Turrini dont la collection a également séduit des acheteurs russes. «L'idée, dans un second temps, est de multiplier ces apporteurs d'affaires. De proposer de nouvelles collections avec une force de vente dédiée. Mais seulement après un premier retour sur investissement», indique-t-il. Dans le programme à cinq ans que s'est fixé Christian Turrini, le e-commerce sur sa marque propre devra atteindre trois millions d'euros de chiffre d'affaires.
Des meubles éco-conçus
L'occasion pour l'entreprise de sortir de son circuit habituel. Elle qui, d'ordinaire, distribue ses meubles haut de gamme uniquement auprès de deux éditeurs dans le monde, dans tous les pays sauf l'Australie. Et ainsi d'élargir son champ des possibles. D'un point de vue stratégique, cette nouvelle approche offre également à Turrini la possiblité de se différencier sur le fond. Grâce à des produits «éco-conçus». «Les gammes de la collection Turrini By sont aujourd'hui 100% éco-conçues», rappelle le dirigeant. Le résultat d'un virage pris en 2004 avec le nouvel agrandissement. «Il fallait penser à formater le système industriel pour répondre aux normes Iso», poursuit Christian Turrini. Aujourd'hui, les matières premières sont bretonnes tant que possible pour ce qui est du bois et du cuir. Les colles et les teintes sont à l'eau. «Ce qui fait que les émanations ne sont pas nocives. Nous avons travaillé quatre ans avec notre fournisseur pour mettre au point cette application. Car, a priori, l'eau et le bois, c'est incompatible», explique Christian Turrini. Ici, pas de stock. Chaque meuble est unique. Fabriqué pour un seul client. Avec des essences nobles : chêne, merisier, érable, tilleul, châtaigner, bambou... Après validation de la commande, fauteuil, canapé, table, buffet ou commode quittent l'usine de Pont-Scorff au bout de cinq semaines. S'ils doivent rejoindre un pays hors de l'Union européenne, cinq autres semaines sont nécessaires à leur acheminement.
Turrini
(Pont-Scorff) Président : Christian Turrini Effectif : 95 personnes dont 45 dans le Morbihan Chiffre d'affaires 2011 consolidé : 10 millions d'euros Tél. :
02 97 32 41 74.
