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Gad Elmaleh : CopyComic révèle de nouveaux « emprunts » de l’humoriste

La chaîne YouTube s’est fait une spécialité de répertorier les cas de plagiat chez les humoristes.

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Publié le 28 janvier 2019 à 13h58, modifié le 28 janvier 2019 à 14h28

Temps de Lecture 26 min.

Gad Elmaleh sur scène à New York, en septembre 2018.

Et rebelote. Le mystérieux « Ben », créateur en octobre 2017 de la chaîne CopyComic sur YouTube, n’en a toujours pas fini avec son travail de fourmi consistant à répertorier les cas de plagiat chez les humoristes. Après Tomer Sisley, Michel Leeb, Walter, Malik Bentalha, entre autres, ce « fact-checkeur » de blagues a mis en ligne, lundi 28 janvier, une nouvelle vidéo pointant les « emprunts » de Gad Elmaleh à des artistes américains (George Carlin, Steven Wright, Dana Carvey), québécois (Patrick Huard, Martin Matte), français (Donal Jack’sman, Titoff), etc.

Ce n’est pas la première fois que CopyComic s’intéresse aux chapardages de Gad Elmaleh. A l’automne 2017, sa reprise d’un sketch de Jerry Seinfeld sur les consignes de sécurité des hôtesses de l’air introduisait une vidéo qui a cumulé plus de 900 000 vues. Mais cette fois, c’est un montage de treize minutes qui est entièrement consacré à l’un des plus célèbres humoristes français.

« Le choix se fait en fonction de mes constatations et des informations qui me sont fournies », explique Ben. « A chaque vidéo publiée, des gens me disent vous avez oublié ci ou ça », assure-t-il. Après avoir secoué le petit monde de l’humour en révélant les méthodes peu orthodoxes de certains et décroché en mars 2018 un sujet dans Envoyé spécial sur France 2, « Ben » avait suspendu son activité pendant six mois. Puis, à la mi-décembre 2018, CopyComic est réapparu avec une nouvelle vidéo épinglant Mathieu Madénian. « J’avais des éléments en stock, j’ai souhaité finir ce que j’avais commencé », justifie Ben.

Des plagiaires plagiés

La démonstration en images revêt toujours la même forme : une succession d’extraits datés pour prouver la paternité des blagues. Des sketchs des années 1990 interprétés outre-Atlantique sont parfois repris vingt ans plus tard en France. Une thématique, une expression ou la réutilisation d’un passage entier, les reprises, qui vont de l’inspiration au copié-collé, revêtent des degrés très variables. Et le plus drôle, si l’on peut dire, est de découvrir qu’il y a des plagiaires plagiés. Ainsi, Gad Elmaleh ou Malik Bentalha sont eux-mêmes copiés par Mathieu Madénian.

Ben, qui préfère rester anonyme et dit « travailler dans le monde du spectacle », ne cache pas sa lassitude : « Cela a fait du buzz sur le moment mais, regrette-t-il, il n’y a pas de conséquences concrètes alors qu’il y a quelque chose de profondément malsain et malhonnête ». A la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), on ne voit pas d’un mauvais œil le côté « lanceur d’alerte » des vidéos de CopyComic : « C’est déjà bénéfique de le faire savoir car cela a un effet dissuasif pour ceux qui seraient tentés de copier pour boucler un spectacle ». Mais, constate-t-on, « en un an, personne n’est venu nous voir pour se plaindre. Et nous, nous ne sommes pas un tribunal. Nous ne pouvons pas agir s’il n’y a pas de plainte ».

Les victimes de plagiat ont deux solutions : soit un recours devant les tribunaux en faisant valoir – date de dépôt de textes ou de captation à l’appui – une antériorité, soit une conciliation entre auteurs. « Très souvent, cela se règle de manière contractuelle, explique-t-on à la SACD, avec des accords de gré à gré financièrement négociés ». Mais la problématique est différente entre des jeunes auteurs émergents et des artistes américains. Si Gad Elmaleh est devenu ami et travaille avec Jerry Seinfeld, les apprentis humoristes peuvent difficilement porter plainte sans craindre d’être blacklistés par le milieu des Comedy Clubs.

« En coulisses, ça pique les vannes »

« En coulisses, ça pique les vannes », confie une jeune stand-uppeuse habituée des scènes ouvertes, où, comme bien d’autres, elle vient tester ses blagues auprès du public. « Après avoir pioché dans le stand-up américain, certains humoristes ou producteurs d’humoristes connus viennent dans les Comedy Clubs, comme Le Paname de Kader Aoun, pour choper de l’inspiration et se servir dans notre matériel en toute impunité, alors que nous, on galère pour décrocher des dates de passage et on est payé au chapeau », s’énerve la jeune femme.

Sans surprise, la SACD incite au dépôt des textes pour les protéger. Et veut croire que la mine d’extraits disponibles sur Internet « générera des pratiques plus vertueuses ». Fort heureusement le plagiat, ou la reprise déguisée, n’est pas une pratique généralisée mais davantage le fait d’une minorité qui nuit à la majorité. Car il contribue à donner la sensation, d’un spectacle de stand-up à l’autre, de retrouver les mêmes thématiques.

« Ben », lui, jure mener ce combat – qui ne lui rapporte rien – au nom de « la défense de la création » et des jeunes auteurs, et milite pour un générique à la fin de certains spectacles. Dans le milieu de la scène humoriste, certains considèrent que ses vidéos tournent à « l’acharnement stérile », d’autres à une « saine démarche ». CopyComic annonce une deuxième vidéo sur Gad Elmaleh pour le 4 février.

Sur le Web : www.youtube.com/channel/UCqPFL_-UpkO5O-rqPMHw8FQ

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