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La famille Saadé se déchire à nouveau autour de l’armateur CMA CGM

En Syrie, la justice vient de condamner Jacques Saadé à verser 595 millions d’euros à son frère Johnny, relançant une guerre fratricide vieille de bientôt vingt ans

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Publié le 17 décembre 2014 à 14h26, modifié le 19 août 2019 à 13h59

Temps de Lecture 3 min.

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Le navire

« On appelle famille un groupe d’individus unis par le sang et brouillés par des questions d’argent ». La formule d’Etienne Rey date de 1914. Un siècle plus tard, personne ne l’illustre mieux que Jacques et Johnny Saadé.

A 70 ans largement passés l’un comme l’autre, les deux frères à l’origine du champion français du transport maritime CMA CGM se déchirent plus que jamais devant les tribunaux. « Voyou ! », « jaloux », « menteur ! », se lancent-ils l’un à l’autre. Bientôt vingt ans que cela dure. En jeu, le contrôle du groupe, qui compte près de 18 000 personnes pour 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2013.

Dernier rebondissement en date : lundi 15 décembre, Johnny Saadé a réussi à faire définitivement condamner son aîné par la Cour de cassation de Damas, la plus haute juridiction de Syrie. Selon cette décision, le PDG et propriétaire de CMA CGM doit verser à son jeune frère 595 millions d’euros, plus des intérêts.

Jacques Saadé est condamné « conjointement et solidairement » avec son épouse, Nayla, ses deux fils et sa fille, ainsi qu’avec la société CMA CGM elle-même et Merit Corporation, l’entité libanaise qui contrôle le groupe, précise Johnny Saadé. En clair : si l’un n’acquitte pas la facture, les autres devront le faire.

« La balle est dans le camp de Jacques Saadé, commente son frère. S’il veut sauvegarder CMA CGM, il devra payer lui-même. En tout état de cause, nous allons demander l’exécution de cette décision dans le monde entier. » Ce qui pourrait impliquer la saisie des actifs du numéro trois mondial des porte-conteneurs en Europe, en Afrique, en Asie, etc. Une première saisie conservatoire a déjà eu lieu au Liban.

« Manœuvres frauduleuses »

Mais « Jacques n’a pas l’intention de se laisser faire », assure son entourage. Lundi, il a ainsi obtenu la suspension de la saisie de ses biens au Liban, en particulier des actions détenues par la famille. « Ce n’est qu’une mesure temporaire », relativise son frère ennemi. Sûr de son fait, celui-ci estime que CMA CGM devrait provisionner dans ses comptes de 2014 le montant de la condamnation syrienne. Ce qui pourrait faire basculer ses résultats dans le rouge.

A Marseille, dans l’immense tour de verre qui abrite le siège du groupe, Jacques Saadé et ses enfants sont persuadés que ces attaques n’aboutiront à rien. En particulier parce que la Cour de cassation française et son homologue libanaise ont déjà rejeté les prétentions de Johnny. Au pire, pensent-ils, la décision de Damas sera appliquée dans la seule Syrie, et CMA CGM ne pourra plus y exploiter le port de Lattaquié, dont il a la concession. « Mais c’est une décision politiquement sensible, soulignent les défenseurs du groupe. Cela provoquerait la paralysie de ce port qui emploie 700 personnes et constitue le principal débouché maritime de la Syrie. »

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