Mathilde Seigner : portrait d'une attachiante

Mathilde Seigner est populaire, mais son franc-parler divise. Éclectique, la comédienne de 49 ans bâtit, l'air de rien, une carrière exigeante.

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Elle est de la race de ceux qui pensent tout haut. Dans un monde où l'exhibitionnisme est inversement proportionnel à la prise de risque, cela détonne. Mathilde Seigner ne cherche pas à plaire. En interview, elle affiche souvent cet air interrogatif et buté qu'elle avait, enfant, dans un reportage consacré à son grand-père comédien, Louis Seigner. Ce qui ne l'empêche pas d'être populaire, parce que sincère.

En février 2012, alors qu'elle annonce le César du meilleur acteur dans un second rôle remis à Michel Blanc, l'actrice regrette - cri du cœur - que ce ne soit pas JoeyStarr, lui aussi nommé, qui décroche la récompense. Aussitôt, les bien-pensants lui tombent dessus. «J'ai assez mal vécu, dira-t-elle, reconnaissant sa maladresse, ce déferlement de haine.» Depuis, Mathilde, par lassitude et pour se protéger, s'est mise au vert : «On m'invitait partout parce qu'on savait que j'allais l'ouvrir et que c'était bon pour l'audience. Maintenant c'est fini ; je ne vais plus là où l'on m'attend au tournant.» Elle n'en demeure pas moins la même : «Avec un coup dans le nez, je peux dire des conneries. J'ai en moi une violence. Je suis trop franche. J'en ai conscience.» Et paradoxale, avec cela.

Comment naître en 1968 et s'afficher réactionnaire ? Comment grandir dans l'ombre des monstres sacrés Louis et Françoise Seigner, sans fuir leur héritage ou suivre, d'emblée, leurs pas ? Au lieu de quoi, Mathilde, fille d'un photographe et d'une journaliste, questionne son avenir, gamine «déjà rebelle», selon ses mots, «aimant ce que les autres n'aiment pas», définitivement plus Sardou que les Sex Pistols. «Je ne voulais pas être actrice, confesse-t-elle. Je voulais chanter, faire du music-hall.» Un passage au cours Florent et un engagement plus tard, Mathilde, 26 ans, révise son jugement : «C'est parce que Claude Miller m'a fait tourner dans Le Sourire que j'ai su que j'allais commencer à gagner ma vie.» Mais c'est Rosine , réalisé peu après, qui lui donne le goût du métier. «Une fois qu'elle a confiance, raconte Christine Carrière, qui l'a choisie pour ce film, elle se lâche complètement. J'apprécie sa personnalité, son physique rare. Elle est belle sans maquillage et ne triche pas.» Par ailleurs, observe la cinéaste, «Mathilde est dans ce milieu sans y être.» Ce qui n'empêche pas les professionnels de repérer très vite sa nature.

Ses références au cinéma : Ventura et Gabin  

De Nettoyage à sec à Vénus Beauté, de Belle-maman au Bleu des villes, la sœur cadette d'Emmanuelle Seigner explore, instinctive, tous les registres d'un quotidien qu'elle repeint aux couleurs de son tempérament. «Quand j'arrive sur un plateau, explique-t-elle, je connais mon texte au rasoir. Mais je vais là où le metteur en scène veut m'emmener, sans prise de tête. Pour moi, le cinéma est un art intuitif. C'est l'école de Ventura, de Gabin.» Toujours la référence aux anciens. Et ce franc-parler qui en fait, dès ses débuts, une incontournable des médias.

Même si elle se protège. Hormis sa relation avec Laurent Gerra, au début des années 2000, son intimité reste chasse gardée. «Elle est comme une lionne, décrypte Anthony Delon, qui partagea un temps sa vie. Elle a ses codes. Il ne faut pas la déranger quand elle a faim ou quand elle a sommeil. Sinon, pas de soucis !» Mais après le succès d'Une hirondelle a fait le printemps , celui de Camping la propulse au sommet du box-office. Mathilde, «la bonne copine», est alors l'actrice la mieux payée de France. Au même moment, le tournage de Danse avec lui la fait renouer avec sa passion des chevaux. Seigner, parisienne, a des rêves de campagne et de mer.

Sa rencontre avec le cameraman Mathieu Petit lui fait de nouveau croire au couple, elle qui affirmait : «Je suis l'homme de ma vie.» Avec la naissance de leur fils Louis, en 2007, Mathilde devient mère et ses angoisses ne sont plus les mêmes. Davantage posée, l'actrice évoque encore la possibilité de finir en belle des champs. Tout en reconnaissant souhaiter tourner avec André Téchiné. «Elle me fait penser à Jacques Dutronc, dit sa copine Catherine Lara. C'est leur timidité qui provoque chez eux tant de culot.» Moins, désormais, par ses déclarations que par ses choix artistiques, Mathilde Seigner pourrait, la cinquantaine venue, surprendre là où on ne l'attendait plus. Pari tenu ?

Bio express

1968 Naissance à Paris. Son grand-père et sa tante sont les comédiens Louis et Françoise Seigner.

1995 Le film Rosine , pour lequel elle reçoit le prix Michel-Simon, la révèle au public. Les rôles s'enchaînent.

2007 Mathilde devient maman de Louis. Actrice la mieux payée de France, elle joue dans Camping et Danse avec lui .

2017 Elle tourne dans Chacun sa vie de Lelouch et, pour la télé, Je voulais juste rentrer chez moi , sur l'affaire Patrick Dils.

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  • Anonyme156800

    Quand on est aussi jolie et talentueuse, on peut se permettre de dire ce qu’on pense. On l’adore.

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